mardi 30 juillet 2013

Georges Devèche, Peintre verrier


QUI EST GEORGES DEVECHE!?

Georges Devèche est né à Paris le 27 janvier 1903. Son grand-père, Alexandre Devèche, arrive de sa Picardie natale en pleine période haussmannienne.

Il crée une petite usine de stuc, matériau fort employé à l’époque, installe ses premiers bureaux à Paris rue de Constantinople avant de faire construire un immeuble de rapport rue Brey, près de l’Etoile, où il vit avec sa famille et y aménage ses bureaux.

Georges Devèche devant sa tapisserie « Le Chasseur »

 Son fils Pierre intègre la Maison de décoration paternelle, se marie, a deux fils, Georges et André, et s’installe à Versailles.

Georges, de santé fragile - il est asthmatique - ne peut faire d’études et rejoint l’affaire familiale où il travaille avec son père et André, son frère cadet, et participe à d’importants ensembles décoratifs. Ils créent du mobilier, dessinent des tapis. On parle du style « Devèche ».

Au cours d’un Salon de décoration il rencontre Paule Bouvret, de onze ans son aînée, qui crée des lampes à claustras et des lustres avec une amie, soeur du peintre orientaliste Etienne Dinet.
Il l’épouse en Août 1929 en l’église Saint-Germain des Prés et le couple s’installe à Paris, rue Bonaparte dans le Vie arrondissement.
Leur fille, Monique, naît en 1934.

À cette époque, l’oncle et la tante de Paule louent une petite maison au Chêne Rogneux, à Grosrouvre, où ils invitent leurs neveux.
Georges Devèche tombe amoureux du Pays des grenouilles bleues et de la maison, si bien que lorsque le propriétaire veut la vendre, il décide de l’acheter.

Retardée par la guerre, la vente ne se réalisera qu’en 1942.
Toutes les vacances se passent à Grosrouvre.
La famille y vit le bombardement de 1944, puis la libération.

Eglise Ste Jeanne d’Arc à Limoges : maquette pour un vitrail en dalle de verre

Un des vitraux de l’église de Nouic (Haute-Vienne)

Vers 1956, Georges Devèche fait la connaissance de Francis Chigot, maître verrier à Limoges avec qui il exécutera les vitraux de l’église Ste Radegonde à Poitiers, ceux de l’église Ste Jeanne d’Arc à Limoges, et ceux de l’église de Nouic (87) et de Boussac (87).

À la mort de Francis Chigot,, son atelier ne sera pas repris par un maître verrier, il prendra le nom d’Atelier du Vitrail et sera dirigé par un administrateur.
Georges Devèche, jusqu’à sa mort, en 1974, y travaillera avec les ouvriers verriers de cet atelier.

C’est grâce à deux de ces ouvriers de l’Atelier du Vitrail de Limoges, Messieurs Dessart et Beauvais, qui ont étroitement travaillé avec Georges Devèche et qui ont bien voulu chercher à la fois dans leur mémoire et dans les archives de l’Atelier, qu’a pu être réalisée l’exposition présentée en l’église de Grosrouvre les 15 et 16 septembre 2007 sous le patronage des « Amis de Grosrouvre ».

Merci à Monsieur Didier Bayle, administrateur actuel de L’Atelier du Vitrail de Limoges, d’avoir bien voulu prêter une grande partie des maquettes exposées.


GEORGES DEVECHE, UN PEINTRE VERRIER

Georges Devèche après avoir été décorateur, peintre cartonnier de tapisseries, a surtout été pendant les vingt dernières années de sa vie, un peintre verrier...

Qu’est-ce qu’un peintre verrier ? C’est l’artiste qui conçoit le vitrail. Il fait d’abord une maquette, souvent une simple ébauche, graphisme à peine esquissé, taches de couleurs. Si l’idée de son projet est acceptée, il va réellement dessiner le vitrail à petite échelle, indiquer les couleurs avec précision.

Mais il n’exécutera pas le vitrail lui-même, il travaille avec un maître verrier, qui est également un artiste. C’est dans l’atelier de ce maître verrier que les vitraux sont exécutés.

Le peintre verrier a besoin du savoir-faire et des outils du maître verrier.
Peintre verrier et maître verrier signent tous deux leur oeuvre commune.

Georges Devèche a toujours pris une grande part à l’exécution de ses vitraux : dessins d’exécution grandeur nature sur calque pour la découpe des verres, choix des verres, peinture sur les verres.

En ce qui concerne les vitraux de Grosrouvre, ils ont été exécutés dans l’atelier André Ripeau. Les vitraux de la chapelle du Couvent Saint Gildard à Nevers qui abrite la châsse de Sainte Bernadette sont également signés Georges Devèche-André Ripeau.

Chapelle du couvent St Gildard à Nevers - un des vitraux du transept

Lorsque le jeune abbé Bagnol arrive à GROSROUVRE en 1947, Georges Devèche sympathise avec lui et c’est ainsi qu’un jour l’abbé propose à l’artiste de créer des vitraux pour l’église sinistrée. Celui-ci accepte avec enthousiasme.

Jusqu’alors, avec son père et son frère André, il avait participé, entre autres, à la décoration du pavillon de l’Algérie à l’exposition coloniale de 1931, puis à celle de la salle des fêtes de la mairie du XIVe arrondissement à Paris, mais, plus indépendant il s’était orienté vers la tapisserie, répondant à de nombreuses demandes du Mobilier national.

En 1943, il reçoit commande de la ville de Paris de la tapisserie qui orne toujours depuis 1946, la salle d’audience du tribunal pour enfants de Paris.

Après la réalisation des vitraux de Grosrouvre, de peintre cartonnier de tapisseries, Georges Devèche va devenir peintre verrier.

Église de Méré - St Pierre marchant sur les eaux

Il décède en 1974 et repose au cimetière de Grosrouvre.
Sa fille vient toujours à Grosrouvre avec sa famille dans la petite maison du Chêne Rogneux.

Quelques réalisations de vitraux pour les monuments historiques

NOGENT-SUR-SEINE (Aube) Eglise du XVIème - Les 3 vitraux de l’abside
RODEZ (Aveyron) La cathédrale - 5 verrières de la haute nef
ALBINHAC (Aveyron) Petite église XVème-XVIème - L’ensemble des vitraux
MONTSALVY (Cantal) Eglise XIIème et XIIIème - Tous les vitraux de la nef, du transept nord, abside et absidioles
BARBEZIEUX (Charente) - L’ensemble des 24 vitraux
CONZAC (Charente) Eglise romane - L’ensemble
ROYAN (Charente-Maritime) Eglise Saint-Pierre XIIème - L’ensemble des vitraux
SAINT-MARTIN-DE-RE (Charente-Maritime) - 2 vitraux de l’abside
ILE D’OLERON (Charente-Maritime) Saint-Georges d’Oléron, église romane - L’ensemble
CORNIL (Corrèze) Eglise romane - L’ensemble des vitraux
CONDOM (Gers) Eglise Saint-Pierre (ancienne cathédrale) - Grand ensemble de 7 verrières côté sud
SAINT-GERMAIN-LA-PRADE (Haute-Loire) - L’ensemble des vitraux
LOUPIAN (Hérault) Eglise Sainte-Cécile - L’ensemble des vitraux
MOIRAX (Lot-et-Garonne) Eglise romane - Vitraux de l’abside
LAYRAC (Lot-et-Garonne) Eglise romane - Abside et absidioles
ORCIVAL (Puy-de-Dôme) Basilique Notre-Dame XIème - L’ensemble des vitraux de la crypte
BOURG-LASTIC (Puy de Dôme) Eglise romane - Vitraux de l’abside, transept, rosace et nef
MONTFERMY (Puy-de-Dôme) Eglise romane - L’ensemble des vitraux
LADIGNAC-LE-LONG (Haute-Vienne) Eglise XVIIème - L’ensemble des vitraux
POITIERS (Vienne) Eglise Sainte-Radegonde - 2 vitraux gauche et droite de la tribune de grandes orgues


L’HISTOIRE DES VITRAUX DE GROSROUVRE

« …Dès qu’il pénètre dans l’église de GROSROUVRE en chantier depuis le bombardement*, il y a encore des trous dans la toiture et les gouttières ont disparu, l’Abbé Bagnol** est immédiatement frappé par son ambiance sinistre et sombre en dépit de la lumière qui tombe des vitres ordinaires placées sur les fenêtres. À part les peintures murales qui se trouvent tout au fond au-dessus du baptistère, il constate qu’on ne distingue pratiquement plus rien sur les murs délavés qui ont pris l’eau et sont recouverts de salpêtre. C’est ainsi que lui vient rapidement l’idée de déboucher les fenêtres du choeur et de poser partout des vitraux, assisté dans ses projets par Noël Tynaire et Georges Devèche, un Parisien qui peint des cartons de tapisserie.

Pour réaliser une entreprise de cette envergure, il faut bien entendu trouver des fonds, ce qui entraîne l’organisation de grandes kermesses en été lorsque tous les Parisiens sont là.

…Tandis qu’il travaille déjà sur des projets de vitraux pour l’église, Georges Devèche est également sollicité afin de concevoir différents édicules permettant d’abriter une statue de la Vierge sur chaque carrefour de la commune… L’oratoire du Buisson est réalisé le premier en 1953 par les frères Daniel et Roger Moulin assistés du jeune Roger Emond, tous trois ayant posé pour la postérité. Celui des Haizettes est daté de 1954 et porte sur son socle les trois noms associés de Lucien Binet, Georges Devèche et l’Abbé Bagnol…

Église de Grosrouvre : St Martin donne son manteau à un malheureux

Église de Grosrouvre : un des vitraux du choeur

…Mais revenons aux vitraux et ce qu’en dit Message en juillet 1954 :

Le jour de la Pentecôte, trois nouveaux vitraux ont été bénis. Le choeur de l’église est plus sombre, plus recueilli comme il convient à l’impressionnante présence silencieuse de Dieu.
Dans un an, les trois derniers vitraux viendront donner la définitive atmosphère religieuse de la nef et dissiper l’inévitable malaise d’aujourd’hui dû à la rencontre de deux lumières, celle du jour trop brutale et celle des vitraux tamisée, priante. Merci à Monsieur Devèche, nous le connaissons bien. Merci à MM. Pierre et Louis Totain, ils ne comptent plus les heures passées à l’église où nous les trouvons tard dans la nuit pour que tout soit parfait.
Les neuf vitraux de l’église ont dont été réalisés en trois fois et ceux du choeur ont été posés et bénis au printemps de 1954…

… Dès le départ, la seule vraie question fut de savoir si l’on ferait seulement de la couleur ou si l’on mettrait un peu de figuratif dans un ensemble voulu de toutes façons « moderne ». Le choix s’est finalement porté sur des dominantes bleues du côté nord qui est aussi celui de l’autel de la Vierge, trois vitraux devant évoquer la vie du saint patron de la paroisse. C’est ainsi qu’à côté de la peinture de l’Agneau Pascal au fond, Saint Martin fend son manteau en deux pour recouvrir un malheureux, qu’entre le banc d’oeuvre et le choeur il convertit le chef des brigands qui viennent de l’attaquer, tandis que sur le côté nord le nouvel évêque de Tours continue sa vie monastique à Marmoutier.

Église de Grosrouvre : vitrail du banc d’œuvre

La période de la guerre étant encore dans tous les esprits, la fenêtre du banc d’œuvre accueillera le mot Pax mais le choix des deux vitraux à placer au fond du choeur s’avère un peu plus délicat. L’abbé apprécie les propositions de l’artiste, mais « trouve que l’encensoir est trop systématique », il aurait souhaité que le mouvement « parte d’un feu moins stylisé », autrement dit que l’encensoir soit «moins figuratif, plus expressionniste en quelque sorte ». Le peintre cartonnier oppose alors que le motif est linéaire et qu’il est bien difficile de montrer quelque chose qui ne le soit pas également, c’est finalement lui qui l’emporte. Retenons également que les neuf vitraux réalisés à Grosrouvre n’ont pas été arrondis en haut pour les terminer, Georges Devèche voulant ainsi montrer qu’il ne les a pas fermés.

Au début de 1955, les trois derniers vitraux sont posés comme prévu. »

Extraits du livre de Claire Salvy, Grosrouvre d’un siècle à l’autre, 1999

*Bombardement allié du dimanche 13 août 1944
**L’abbé Bagnol, tout juste ordonné prêtre, arrive à Grosrouvre le 10 août 1947

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