QUI EST GEORGES
DEVECHE!?
Georges Devèche est né à Paris le 27
janvier 1903. Son grand-père, Alexandre Devèche, arrive de sa Picardie natale
en pleine période haussmannienne.
Il crée une petite usine de stuc, matériau fort employé à l’époque,
installe ses premiers bureaux à Paris rue de Constantinople avant de faire
construire un immeuble de rapport rue Brey, près de l’Etoile, où il vit avec sa
famille et y aménage ses bureaux.
Georges Devèche devant sa tapisserie « Le Chasseur »
Son fils Pierre intègre la
Maison de décoration paternelle, se marie, a deux fils, Georges et André, et
s’installe à Versailles.
Georges, de santé fragile - il est
asthmatique - ne peut faire d’études et rejoint l’affaire familiale où il
travaille avec son père et André, son frère cadet, et participe à d’importants
ensembles décoratifs. Ils créent du mobilier, dessinent des tapis. On parle du
style « Devèche ».
Au cours d’un Salon de décoration il
rencontre Paule Bouvret, de onze ans son aînée, qui crée des lampes à claustras
et des lustres avec
une amie, soeur du peintre orientaliste Etienne Dinet.
Il l’épouse en Août 1929 en l’église
Saint-Germain des Prés et le couple s’installe à Paris, rue Bonaparte dans le
Vie arrondissement.
Leur fille, Monique, naît en 1934.
À cette époque, l’oncle et la tante
de Paule louent une petite maison au Chêne Rogneux, à Grosrouvre, où ils
invitent leurs neveux.
Georges Devèche tombe amoureux du Pays
des grenouilles bleues et de la maison, si bien que lorsque
le propriétaire veut la vendre, il décide de l’acheter.
Retardée par la guerre, la vente ne
se réalisera qu’en 1942.
Toutes les vacances se passent à
Grosrouvre.
La famille y vit le bombardement de
1944, puis la libération.
Eglise Ste Jeanne d’Arc à Limoges :
maquette pour un vitrail en dalle de verre
Un des vitraux de l’église de Nouic
(Haute-Vienne)
Vers 1956, Georges Devèche fait la
connaissance de Francis Chigot, maître verrier à Limoges avec qui il exécutera
les vitraux de l’église Ste Radegonde à Poitiers, ceux de l’église Ste Jeanne
d’Arc à Limoges, et ceux de l’église de Nouic (87) et de Boussac (87).
À la mort de Francis Chigot,, son
atelier ne sera pas repris par un maître verrier, il prendra le nom d’Atelier
du Vitrail et sera dirigé par un administrateur.
Georges Devèche, jusqu’à sa mort, en
1974, y travaillera avec les ouvriers verriers de cet atelier.
C’est grâce à deux de ces ouvriers
de l’Atelier du Vitrail de Limoges, Messieurs Dessart et Beauvais, qui ont
étroitement travaillé avec Georges Devèche et qui ont bien voulu chercher à la
fois dans leur mémoire et dans les archives de l’Atelier, qu’a pu être réalisée
l’exposition présentée en l’église de Grosrouvre les 15 et 16 septembre 2007
sous le patronage des « Amis de Grosrouvre ».
Merci à Monsieur Didier Bayle, administrateur
actuel de L’Atelier du Vitrail de Limoges, d’avoir bien voulu prêter une grande
partie des maquettes exposées.
GEORGES DEVECHE, UN
PEINTRE VERRIER
Georges Devèche après avoir été
décorateur, peintre cartonnier de tapisseries, a surtout été pendant les vingt
dernières années de sa vie, un peintre verrier...
Qu’est-ce qu’un peintre verrier ? C’est l’artiste qui conçoit le vitrail. Il fait d’abord une
maquette, souvent une simple ébauche, graphisme à peine esquissé, taches de
couleurs. Si l’idée de son projet est acceptée, il va réellement dessiner le
vitrail à petite échelle, indiquer les couleurs avec précision.
Mais il n’exécutera pas le vitrail
lui-même, il travaille avec un maître verrier, qui est également un artiste.
C’est dans l’atelier de ce maître verrier que les vitraux sont exécutés.
Le peintre verrier a besoin du
savoir-faire et des outils du maître verrier.
Peintre verrier et maître verrier
signent tous deux leur oeuvre commune.
Georges Devèche a toujours pris une
grande part à l’exécution de ses vitraux : dessins d’exécution grandeur nature
sur calque pour la découpe des verres, choix des verres, peinture sur les
verres.
En ce qui concerne les vitraux de
Grosrouvre, ils ont été exécutés dans l’atelier André Ripeau. Les vitraux de la
chapelle du Couvent Saint Gildard à Nevers qui abrite la châsse de Sainte
Bernadette sont également signés Georges Devèche-André Ripeau.
Chapelle du couvent St
Gildard à Nevers - un des vitraux du transept
Lorsque le jeune abbé Bagnol arrive
à GROSROUVRE en 1947, Georges Devèche sympathise avec lui et c’est ainsi qu’un
jour l’abbé propose à l’artiste de créer des vitraux pour l’église sinistrée.
Celui-ci accepte avec enthousiasme.
Jusqu’alors, avec son père et son
frère André, il avait participé, entre autres, à la décoration du pavillon de
l’Algérie à l’exposition coloniale de 1931, puis à celle de la salle des fêtes
de la mairie du XIVe arrondissement à Paris, mais, plus indépendant il s’était
orienté vers la tapisserie, répondant à de nombreuses demandes du Mobilier
national.
En 1943, il reçoit commande de la
ville de Paris de la tapisserie qui orne toujours depuis 1946, la salle
d’audience du tribunal pour enfants de Paris.
Après la réalisation des vitraux de
Grosrouvre, de peintre cartonnier de tapisseries, Georges Devèche va devenir
peintre verrier.
Église de Méré - St
Pierre marchant sur les eaux
Il décède en 1974 et repose au
cimetière de Grosrouvre.
Sa fille vient toujours à Grosrouvre
avec sa famille dans la petite maison du Chêne Rogneux.
Quelques réalisations de
vitraux pour les monuments historiques
NOGENT-SUR-SEINE (Aube) Eglise du XVIème - Les 3
vitraux de l’abside
RODEZ (Aveyron) La cathédrale - 5
verrières de la haute nef
ALBINHAC (Aveyron) Petite église XVème-XVIème
- L’ensemble des vitraux
MONTSALVY (Cantal) Eglise XIIème et XIIIème - Tous les vitraux de la nef, du transept nord, abside
et absidioles
BARBEZIEUX (Charente) - L’ensemble des 24
vitraux
CONZAC (Charente) Eglise romane -
L’ensemble
ROYAN (Charente-Maritime) Eglise
Saint-Pierre XIIème - L’ensemble des vitraux
SAINT-MARTIN-DE-RE (Charente-Maritime) - 2 vitraux de
l’abside
ILE D’OLERON (Charente-Maritime) Saint-Georges
d’Oléron, église romane - L’ensemble
CORNIL (Corrèze) Eglise romane - L’ensemble
des vitraux
CONDOM (Gers) Eglise Saint-Pierre (ancienne
cathédrale) - Grand ensemble de 7 verrières côté sud
SAINT-GERMAIN-LA-PRADE (Haute-Loire) - L’ensemble des
vitraux
LOUPIAN (Hérault) Eglise Sainte-Cécile -
L’ensemble des vitraux
MOIRAX (Lot-et-Garonne) Eglise romane -
Vitraux de l’abside
LAYRAC (Lot-et-Garonne) Eglise romane -
Abside et absidioles
ORCIVAL (Puy-de-Dôme) Basilique Notre-Dame
XIème - L’ensemble des vitraux de la crypte
BOURG-LASTIC (Puy de Dôme) Eglise romane -
Vitraux de l’abside, transept, rosace et nef
MONTFERMY (Puy-de-Dôme) Eglise romane -
L’ensemble des vitraux
LADIGNAC-LE-LONG (Haute-Vienne) Eglise XVIIème -
L’ensemble des vitraux
POITIERS (Vienne) Eglise Sainte-Radegonde - 2
vitraux gauche et droite de la tribune de grandes orgues
L’HISTOIRE DES
VITRAUX DE GROSROUVRE
« …Dès qu’il pénètre dans l’église
de GROSROUVRE en chantier depuis le bombardement*, il y a encore des trous dans
la toiture et les gouttières ont disparu, l’Abbé Bagnol** est immédiatement
frappé par son ambiance sinistre et sombre en dépit de la lumière qui tombe des
vitres ordinaires placées sur les fenêtres. À part les peintures murales qui se
trouvent tout au fond au-dessus du baptistère, il constate qu’on ne distingue
pratiquement plus rien sur les murs délavés qui ont pris l’eau et sont
recouverts de salpêtre. C’est ainsi que lui vient rapidement l’idée de
déboucher les fenêtres du choeur et de poser partout des vitraux, assisté dans
ses projets par Noël Tynaire et Georges Devèche, un Parisien qui peint des
cartons de tapisserie.
Pour réaliser une entreprise de
cette envergure, il faut bien entendu trouver des fonds, ce qui entraîne
l’organisation de grandes kermesses en été lorsque tous les Parisiens sont là.
…Tandis qu’il travaille déjà sur des
projets de vitraux pour l’église, Georges Devèche est également sollicité afin
de concevoir différents édicules permettant d’abriter une statue de la Vierge
sur chaque carrefour de la commune… L’oratoire du Buisson est réalisé le
premier en 1953 par les frères Daniel et Roger Moulin assistés du jeune Roger
Emond, tous trois ayant posé pour la postérité. Celui des Haizettes est daté de
1954 et porte sur son socle les trois noms associés de Lucien Binet, Georges Devèche et l’Abbé Bagnol…
Église de Grosrouvre : St Martin
donne son manteau à un malheureux
Église de Grosrouvre : un des
vitraux du choeur
…Mais revenons aux vitraux et ce
qu’en dit Message en
juillet 1954 :
Le jour de la Pentecôte, trois
nouveaux vitraux ont été bénis. Le choeur de l’église est plus sombre, plus
recueilli comme il convient à l’impressionnante présence silencieuse de Dieu.
Dans un an, les trois derniers
vitraux viendront donner la définitive atmosphère religieuse de la nef et
dissiper l’inévitable malaise d’aujourd’hui dû à la rencontre de deux lumières,
celle du jour trop brutale et celle des vitraux tamisée, priante. Merci à
Monsieur Devèche, nous le connaissons bien. Merci à MM. Pierre et Louis Totain,
ils ne comptent plus les heures passées à l’église où nous les trouvons tard
dans la nuit pour que tout soit parfait.
Les neuf vitraux de l’église ont
dont été réalisés en trois fois et ceux du choeur ont été posés et bénis au
printemps de 1954…
… Dès le départ, la seule vraie
question fut de savoir si l’on ferait seulement de la couleur ou si l’on mettrait
un peu de figuratif dans un ensemble voulu de toutes façons « moderne ». Le
choix s’est finalement porté sur des dominantes bleues du côté nord qui est
aussi celui de l’autel de la Vierge, trois vitraux devant évoquer la vie du
saint patron de la paroisse. C’est ainsi qu’à côté de la peinture de l’Agneau
Pascal au fond, Saint Martin fend son manteau en deux pour recouvrir un
malheureux, qu’entre le banc d’oeuvre et le choeur il convertit le chef des
brigands qui viennent de l’attaquer, tandis que sur le côté nord le nouvel
évêque de Tours continue sa vie monastique à Marmoutier.
Église de Grosrouvre : vitrail du
banc d’œuvre
La période de la guerre étant encore
dans tous les esprits, la fenêtre du banc d’œuvre accueillera le mot Pax mais le choix des deux vitraux à
placer au fond du choeur s’avère un peu plus délicat. L’abbé apprécie les
propositions de l’artiste, mais « trouve que l’encensoir est trop systématique
», il aurait souhaité que le mouvement « parte d’un feu moins stylisé »,
autrement dit que l’encensoir soit «moins figuratif, plus expressionniste en
quelque sorte ». Le peintre cartonnier oppose alors que le motif est linéaire
et qu’il est bien difficile de montrer quelque chose qui ne le soit pas
également, c’est finalement lui qui l’emporte. Retenons également que les neuf
vitraux réalisés à Grosrouvre n’ont pas été arrondis en haut pour les terminer,
Georges Devèche voulant ainsi montrer qu’il ne les a pas fermés.
Au début de 1955, les trois derniers
vitraux sont posés comme prévu. »
Extraits du livre de Claire
Salvy, Grosrouvre d’un siècle à l’autre, 1999
*Bombardement allié du dimanche
13 août 1944
**L’abbé Bagnol, tout juste
ordonné prêtre, arrive à Grosrouvre le 10 août 1947
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